Michel Lamothe
à Marsoui

EXPOSITION

Photogrammes 1991-2006

Promenade de la Plage | 8, route Principale Est | Marsoui
Édifice Couturier | 1, rue du Quai | Marsoui

Michel Lamothe, Greenfield Park (Québec)

Vivant et travaillant à Greenfield Park, Michel Lamothe a d’abord étudié les sciences à l’Université Laval de Québec, puis le cinéma au Collège Loyola de Montréal, auprès de Charles Gagnon. Depuis, il poursuit un travail parallèle de photographe et de cinéaste.

L’artiste a exposé au Canada et en Europe, et ses films ont été présentés dans plusieurs festivals internationaux. Il a publié deux livres de photographies : Même les cigales dormaient, paru aux éditions J’ai VU en 2000, et Michel Lamothe, paru aux éditions Plein sud et Expression en 2014.

Philippe Dubois, auteur de L’acte photographique, écrivait à son propos : « Michel Lamothe a la liberté d’un cinéaste dans la photographie, tout comme il a la liberté d’un photographe dans le cinéma. Il habite un espace vital et il fait respirer ses images de l’air libre qui existe entre ces deux mondes. »

EXPOSITIONS AUX RENCONTRES

Photogrammes 1991-2006

En technique cinématographique, le mot « photogramme » signifie la plus petite unité de prise de vue, l’image indivisible dont la succession, 24 fois par seconde, crée la continuité filmique.

« Les photogrammes sont des images de petit format imprimées sur papier photographique à partir de négatifs de mes films 16 mm et super 8 mm. 

« Photogrammes 1991-2006 s’inscrit dans la continuité de mes recherches autour des rapports entre le cinéma et la photographie. Travaillant avec ces deux moyens d’expression de façon constante, il y a des correspondances, des allusions qui émergent, une réflexion qui mûrit au fil des expériences.

« Ainsi, dans mes films, j’explore le lien avec la photographie, jouant sur cette notion de temps et de mouvement presque suspendus. Très souvent, les plans sont fixes. Les sujets-personnages gardent parfois la pose toute la durée du plan. D’autres fois, au premier regard, il ne se passe, pour ainsi dire, rien à l’écran, aucun mouvement perceptible; là, tout doucement, une branche se met à trembler dans le vent.

« À l’inverse, Photogrammes 1991-2006 s’articule autour de la déconstruction du mouvement. Il y a interruption du déroulement naturel de l’action en concentrant en un seul cadre tout le souffle qui l’anime. Du coup, l’avant et l’après, le début et la fin sont abandonnés. Il ne reste qu’un moment fugitif, privé de son tout, dépouillé de son histoire, et maintenant indépendant.

« Photogrammes 1991-2006 ressemble aussi à mon travail avec la camera obscura (le sténopé) dans ce désir de transformer le temps et le regard familier que je porte sur les choses. Présente aussi, cette volonté de compter avec le hasard et l’intuition. Sur quelle fraction de seconde suspendre mon regard? J’avance, je recule, je reviens, je décortique, je reconstruis, je m’arrête. Je choisis de m’immobiliser là. D’un point de vue plastique, l’agrandissement de ces très petits négatifs fait ressortir et découvrir le grain, les textures et les contrastes. L’atmosphère un peu trouble qui habite ces images n’est pas sans rappeler celle qui se dégage de mes sténopés.

« Les photogrammes proviennent de séquences filmées au cours des années, recueillies comme des notes dans un carnet, sur lesquelles on revient plus tard. Des souvenirs qui témoignent de ma vie quotidienne, de ma relation au monde, aux êtres et aux choses. C’est un regard intime sur le temps qui passe sur ces êtres et choses, sur la lumière qui les touche le temps d’un instant. »

Michel Lamothe

« Devant les photogrammes de Lamothe, on est littéralement happé par leur part filmique, par tout ce qui en eux relève de la puissance du cinéma (et qui tient au cadrage, au grain, au filé, à l’éclat, à l’incandescence de ces petites images qui sont autant de condensés d’énergie). Il y a un cinéma virtuel qui hante, comme un fantôme, chacun de ces photogrammes. »

Philippe Dubois