Bertrand Carrière
à Gaspé
Exposition
QUELQUE PART… AU CENTRE
Bertrand Carrière, Longueuil (Québec) | bertrandcarriere.com
Au cours des 35 dernières années, Bertrand Carrière a tissé une œuvre photographique à la fois personnelle et variée.
Ses recherches se développent autour de deux axes. D’abord, une voie documentaire qui englobe les paysages, vastes et intimes, et les portraits. Il s’intéresse à la mémoire et à l’histoire des lieux. De ces recherches arrivent des images qui tentent de donner une parole aux choses muettes, aux choses qui disparaissent. Puis, il a une autre approche, plus intime, caractérisée par une pratique quotidienne et une disponibilité du regard aux irrégularités du visible. Il y explore la réalité pour toutes ses résonances autobiographiques.
Né en 1957 à Ottawa, Bertrand Carrière vit et travaille à Longueuil. Il enseigne la photographie au Cégep André-Laurendeau, à Montréal. Récipiendaire de bourses du Conseil des arts du Canada et du Conseil des arts et des lettres du Québec, son travail a été exposé au Québec, au Canada, aux États-Unis, en Europe, en Russie et en Chine.
Les œuvres de Bertrand Carrière sont représentées à Montréal par la Galerie Simon Blais, à Toronto par la Stephen Bulger Gallery et sont distribuées par l’agence Vu à Paris. Elles sont présentes dans de nombreuses collections publiques et privées dont Le Cirque du Soleil, Alcan, la Banque d’œuvres d’art du Conseil des Arts du Canada, la Bibliothèque Nationale de Paris, le Centre Canadien d’architecture, la Cinémathèque Québécoise, la collection Loto-Québec, le Musée National des beaux-arts du Canada, le Musée National des Beaux-Arts du Québec, le Houston Museum of Fine Arts au Texas. »
Le travail de Bertrand Carrière est également orienté vers l’édition. Il a publié : Témoin de l’ombre : photographies de tournage (1995), Voyage à domicile (1997), Signes de jour (2002), Hivers (2003) et Dieppe : paysages et installations (2006). En 2010 est paru Lieux mêmes aux éditions L’Instant même et Ground Level publié par le Centre Sagamie. En 2011, le Musée régional de Rimouski a publié sont projet Après Strand. La même année, Bertrand Carrière a publié, avec le philosophe Georges Leroux, Wanderer, essai sur le voyage d’hiver de Franz Schubert aux éditions Nota Bene, qui a remporté le prix du Gouverneur général.
En 2004, Bertrand Carrière a réalisé 913, un film documentaire sur la mémoire du raid de Dieppe. En 2005, il a reçu le Prix de la création en région du Conseil des arts et des lettres du Québec pour la Montérégie.
Exposition aux rencontres
QUELQUE PART… AU CENTRE
Bertrand Carrière a réalisé une résidence d’artiste en Loir-et-Cher (France) en juillet et septembre 2014 dans le cadre de la collaboration internationale « Un pont sur l’Atlantique » entre les Rencontres internationales de la photographie en Gaspésie et les Promenades photographiques de Vendôme 2014.
« C’est où? Voilà la question que souvent on me pose en regardant mes images d’un lieu. Le regard du spectateur croise alors le mien pour confronter ses attentes ou ses idées reçues au sujet d’un endroit qu’il croit reconnaître.
« Ainsi, produire un travail photographique au sujet d’un lieu particulier qui pourrait plaire aux résidents est toujours une tâche hasardeuse. Si la photographie a la capacité de représenter le monde, elle est d’abord et avant tout la vision d’un individu. Le défi de mon travail de résidence fut alors de trouver cette vision à propos de lieux que je découvrais tous les jours. Et, en Loir-et-Cher comme partout en France, le poids de l’histoire est partout. Tout est chargé des poussières du temps.
« Je suis d’Amérique, je vis au Québec. Je n’ai pas grandi autour des châteaux ou de la vigne. Alors, comment faire pour éviter une vision exotique de la douce France. Je suis venu à Vendôme avec bien peu d’idées sur ce que je pourrais y trouver, mais avec une volonté résolue de pouvoir en saisir le caractère essentiel. Il y a une belle folie dans l’idée de traverser l’océan pour venir à la recherche d’images de quelque chose dont on ignore l’existence. En me déplaçant sur le territoire, sillonnant le département, je me suis imprégné de ce que le territoire m’offrait. J’ai sillonné le département d’est en ouest, du nord au sud, utilisant l’automobile comme habitacle de recherche.
« J’ai travaillé de manière instinctive, dans l’absence d’un sujet précis, sans directives ou scénario. Je naviguais à l’œil. Les règles s’inventaient au fur et à mesure. L’essentiel de ma démarche reposait sur ce que le présent me proposait. Et s’il fut guidé par la prise de vue, mon travail fut aussi largement construit, dans un second temps, par la construction des séquences d’images.
« Avec un parti pris pour la couleur et la verticalité, j’ai photographié le paysage, souvent de l’architecture, et réalisé quelques portraits. Je cherchai à donner la parole aux choses muettes, à ce qui lentement disparaît. C’est ainsi que j’ai voulu que cette résidence soit un véritable laboratoire de création, concentré sur le territoire, sur les découvertes de chaque jour. J’ai exploré les cartes, cherché des fragments d’histoire, questionné les rencontres sur ma route, fouillé les replis des campagnes, longé la rivière, attendu la lumière, trouvé la distance, exploré les églises et châteaux, interrogé l’horizon plat et sondé les ciels chargés d’orages. J’ai voulu que ces photographies soient marquées par le sceau de cette expérience humaine du voyage.
« Autant j’ai travaillé sur ce que je trouvais, l’ici et le maintenant, autant j’ai construit de petites fictions créant des récits après le fait qui associent des images provenant de situations et lieux très différents. Ce travail de narration tente de donner le ton et l’atmosphère que j’ai retrouvés dans le département, plus qu’ils ne le décrivent. Ces rencontres inattendues tendent à accentuer l’ambiguïté des images. Et se sont souvent ces ambiguïtés, cette non-descriptivité de l’image qui m’attirent. Son aspect poétique et incertain.
« Je tiens à remercier le Conseil des arts de Longueuil pour son soutien dans le cadre de ce projet. »
Bertrand Carrière
Saint-Denis-de-Brompton (Québec)
13 octobre 2014